Clémence Seurat

Penser, sentir et agir à partir de l'écologie. Un abécédaire.

La crise environnementale en cours transforme en profondeur les milieux de vie des humains et des vivants. Si elles ne touchent pas les régions du monde de la même manière, ses conséquences se mesurent à l'échelle planétaire : réchauffement climatique, sixième grande extinction, montée et acidification des océans, pollutions... Les nombreuses données collectées par les scientifiques convergent vers un état des lieux alarmant quant à l'avenir des formes de vie sur notre planète : elles appellent à la prise de mesures sérieuses pour enrayer le désastre écologique et transformer nos modes de développement. Face à ce constat, des négociations internationales se tiennent depuis plusieurs décennies entre les États mais peinent à produire le moindre effet de par la lenteur de leur processus et leur caractère non contraignant, laissant ainsi les émissions de CO2 croître malgré la multiplication des phénomènes météorologiques violents ces dernières années (canicules, incendies, sécheresses...). L'incapacité des dirigeants de la planète à apporter des réponses sérieuses au changement climatique entraînent de par le monde la mobilisation de citoyens de tous âges qui multiplient manifestations, actions en justice, blocages et initiatives.

De par son ampleur inédite, la crise environnementale traverse toutes les sociétés et intéresse une grande partie des savoirs académiques et de la création artistique. Le débat ne se limite pas aux seuls climatologues et géologues, mais sollicite également les sciences humaines et les arts. En effet, les transformations écologiques que nous observons actuellement questionnent plus largement nos manières de vivre, de penser, de produire et de cohabiter avec les autres espèces : elles nous invitent à réinventer des modes de vie qui prennent soin des milieux de vie, à repenser notre place dans le monde et à actualiser notre logiciel de pensée pour mettre fin aux séparations inopérantes héritées de la modernité – la séparation entre nature et culture, entre humains et vivants. Pour continuer d’exister sur une planète abîmée, il apparaît indispensable de renouveler nos approches et de dessiner des stratégies de vie qui dépassent les frontières et décloisonnent les savoirs.

Ce cours se propose de rendre compte de pistes de recherches, d’outils conceptuels et de perspectives pratiques nouvelles pour répondre aux enjeux de la crise environnementale à laquelle nous sommes confronté.e.s. Il prend la forme d'un abécédaire qui permet de naviguer dans des questions écologiques d'échelles et de natures différentes, depuis l'histoire institutionnelle des négociations climatiques à celle des luttes politiques et activistes, des alliances interspécifiques qui se tissent aux nouvelles histoires terrestres qui s'écrivent chaque jour. Il offre un état des lieux scientifique de la situation écologique contemporaine ainsi qu'un panorama des mécanismes mis en place pour y répondre, par les états et les institutions internationales, mais également des initiatives locales et citoyennes qui sont menées à travers le monde ainsi que des projets artistiques qui prennent le paradigme écologique comme matière et sujet de travail. Il balaie aussi un certain nombre de concepts clés qui émergent par-delà les disciplines pour penser notre époque actuelle.

L'objectif du cours est de sensibiliser les étudiant.e.s aux implications des mutations écologiques en cours et de leur faire acquérir des connaissances de base et des notions clés pour comprendre les enjeux environnementaux contemporains et les intégrer à leurs pratiques artistiques. Il met en avant une approche interdisciplinaire entre sciences humaines, art et politique, réflexive et soucieuse d'un art des conséquences.

Les entrées de l’abécédaire

  • A – Art et politique
  • B – Biodiversité
  • C – Climat
  • D – Développement durable
  • E – Extinction
  • F – Forêt
  • G – Gaïa
  • H – Hybride(s)
  • I – Invasives (espèces)
  • J – Jeux de ficelle (string figures)
  • K – Kinship
  • L – Luttes des peuples autochtones
  • M – Matsutaké : le champignon de la fin du monde
  • N – Nucléaire : Fukushima
  • O – Océans
  • P – Plastique
  • Q – Qantas Airways
  • R – Réparer
  • S – Sauvage
  • T – Terrestres
  • U – Umwelt : la tique de Jakob von Uexküll
  • V – Vivants (les)
  • W – World Wide Web
  • X – XR (Extinction Rebellion)
  • Y – Youth for Climate (Friday for Future)
  • Z – ZAD (Zone à défendre)

Image de droite : Néphoscope de Marie-Luce Nadal, 2014.

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